Discours de Sylvie ANDRIEUX le 18 mai 2010 dans le cadre de la manifestation devant le Sénat par les organisations de défense de la cause Arménienne, militant pour l’inscription de la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien de 1915.
Mes chers amis,
Lorsque le 29 mai 1998, la proposition de loi reconnaissant le génocide arménien a été présentée à l’Assemblée Nationale, j’étais députée, j’ai voté pour et j’ai milité en faveur de ce texte.
Lorsque le 18 janvier 2001, ce texte est revenu à l’Assemblée Nationale, pour une adoption finale, j’ai voté pour et j’ai de nouveau milité en faveur de ce texte.
Lorsque le 18 mai 2006, le texte de loi condamnant le négationnisme a été présenté à l’Assemblée Natioanle, on nous a empêché de voter, mais j’ai milité en faveur de ce texte.
Lorsque le 12 octobre 2006, nous avons pu enfin nous prononcer sur ce texte, j’ai une fois de plus milité en faveur de ce texte et j’ai voté pour.
Aujourd’hui le texte est en attente au Sénat, et je peux vous assurer que ma détermination n’a pas changé, je continuerai à militer en faveur de ce texte, car c’est le sens du mandat de Parlementaire de combattre les forces qui se dressent contre l’adoption de textes humanistes, telles qu’elles apparaissent aujourd’hui pour s’opposer à notre proposition de loi condamnant le négationnisme du génocide arménien.
Mes amis, je suis une combattante de longue date de la cause arménienne. J’aime le peuple arménien, mais c’est avant tout ma passion de la justice et ma foi dans la vérité que nous ont rapporté vos parents et arrières grands-parents, ici à Paris, mais aussi à Marseille d’où je viens, et qui fut confirmée par tant de recherches historiques, qui me conduit à m’engager depuis toujours à vos côtés.
Le négationnisme n’est pas pour moi l’expression d’une opinion bénine ou naïve. Il n’est pas non plus le fait d’historiens dignes de ce nom. Il n’est pas même une position politique, il s’agit d’un mensonge d’Etat, d’une approbation au crime de génocide dont le peuple arménien fut victime, il est l’incarnation de l’idéologie qui a abouti au génocide de 1915. Il représente une insulte à l’Humanité toute entière, une provocation à la dignité humaine, il est tout ce qu’il y a de plus contraire aux valeurs de notre République que sont l’égalité et la fraternité. C’est pourquoi il nous faut le combattre, le combattre par la pédagogie, nous combattre par la diffusion de la vérité, celle du génocide du peuple arménien, et le combattre aussi par la force de la loi, c’est le sens du combat que nous menons depuis maintenant près de 4 ans, pour la condamnation pénale des négateurs de ce génocide.
Mes amis, ce combat dure. Il dure depuis trop longtemps. Au Sénat, vous aurez besoin de soutiens, et j’ai confiance en mes amis du groupe socialiste et en particulier le Sénateur des Bouches-du-Rhône, mon ami Jean-Noël Guérini, qui est très sensible à votre cause et qui a rencontré très récemment Jean-Pierre Bel, le Président du groupe socialiste au Sénat, pour évoquer notre problème et trouver une résolution à celui-ci. Je sais qu’ils travaillent tous deux pour poser cette question à l’agenda du Sénat. Mais vous savez aussi que le gouvernement fait pression pour satisfaire les exigences d’Ankara en la matière et pour que ce texte tombe en désuétude, qu’il ne soit jamais voté au Sénat – oui mes amis c’est leur objectif, comme à l’Assemblée Nationale le 18 mai 2006 ! – et que les thèses négationnistes que le gouvernement turc colporte depuis tant d’années puisse librement s’exprimer sur les terres de notre République. Alors nous les combattrons, encore et encore. Et nous réussirons. Et dans ce combat mes amis, comme dans ceux que nous continuerons à livrer ensemble, sachez que vous pourrez toujours compter sur mon soutien et celui du Parti Socialiste, merci.