C’est avec soulagement que j’ai appris hier que les Fralib avaient obtenu satisfaction et ont signé un accord de fin de conflit avec Unilever. Les employés ont obtenu une enveloppe de 19,2 millions d’euros pour leur projet de coopérative.
Nous avions été nombreux à suivre ce conflit, véritable symbole du cynisme de l’industrie mondialisée. Je rappelle les faits brièvement : A l’origine, la société fondée en 1882 par Lazare Digonnet, faisait de l’importation de thé et avait son siège à Marseille. En 1927, celle-ci prend le nom de « Société des thés de l’Eléphant » avant d’être reprise en 1972 par le géant de l’alimentaire Unilever, qui crée la société Fralib (Française d’alimentation et de boissons) et qui opère une fusion avec sa filiale Lipton. En 1989, les usines de Marseille et Pont de Joux sont regroupées à Gémenos.
Le groupe Unilever, qui a subi une baisse de rentabilité, a décidé en 2010 de fermer certains centres de production de sa filière thé et infusions, dont celui de Gémenos. Emblématique de ce que certains décrivent comme « le cynisme des marchés financiers », qui exige des taux de rentabilité toujours croissants pour accroître les dividendes des actionnaires aux dépends des intérêts des salariés, l’usine de Gémenos a refusé de mourir et ses salariés se sont mobilisés pour conserver leur activité en créant une Coopérative.
Quel symbole pour notre pays qui souffre tant de cette désindustrialisation, mais quel combat et quelle lutte (1 336 jours !) il a fallu mener pour que les salariés conservent, en partie hélas , une activité. Sur les 182 salariés de l’usine, une soixantaine devraient à terme être embauchés dans le cadre de la scop.
Sans l’énergie développée par les responsable syndicaux, la logique financière et déshumanisée de la multinationale aurait pleinement triomphé.
Je souhaite bonne chance à la nouvelle entreprise, Scop-Ti, et j’ai l’espoir que cet exemple inspire d’autre salariés confrontés à la perte de leur outil industriel.