Rapport 32 Subvention Mission Emploi
M. Le Maire, chers collègues,
Je voudrais aborder quelques minutes le problème de l’emploi dans notre ville et surtout les inquiétudes que nous inspire son évolution.
En janvier 2010, le nombre de « sans emploi » était de 70.000, soit un taux d’environ 13,6% qui est supérieur de plus de 35% au niveau national. Sur 12 mois, l’augmentation a été toutefois un peu inférieure dans notre ville (+12%) qu’au niveau national (+16,4%).
Cette moindre hausse s’explique aisément car, étant moins industrialisée que les autres territoires, notre ville souffre moins (à court terme) des plans de licenciement qui touchent les grandes entreprises. Nous savons aussi que Marseille compte un grand nombre d’emplois publics (ce que vous et votre gouvernement n’aviez de cesse de critiquer) mais dont on perçoit aujourd’hui l’utilité et l’intérêt…
De nombreuses études ne sont pas là néanmoins pour nous rassurer. La dernière enquête de l’INSEE montre ainsi que notre métropole perd du terrain en matière d’attractivité et d’emplois « supérieurs » par rapport à Lyon, Toulouse, Grenoble, Montpellier et d’autres villes encore. Notre métropole se retrouve ainsi classée 11ème sur 14 grandes aires urbaines en matière d’emplois qualifiés !
Dans le même temps la Banque de France publie une étude sur le département pointant une conjoncture franchement mauvaise et une reprise « lente et fragile » en 2010.
La situation du Grand Port Autonome et de toute la filière maritime nous inspire enfin beaucoup d’inquiétude, alors qu’elle représente dans notre département plus de 20.000 emplois.
Mais je sais que, sur ce sujet, vous avez une explication lumineuse : c’est la faute aux 35 Heures et à « 5 gars de la CGT » comme vous l’avez déclaré dernièrement au Figaro…
Il y a enfin l’immobilier sur lequel notre ville avait construit, de manière un peu superficielle, une partie de sa croissance. Aujourd’hui les prix baissent, les transactions ont fortement ralenti et seule la loi Scellier a permis d’éviter la catastrophe…
Notre ville reste ainsi fortement dépendante de la stratégie de grands investisseurs dont le premier objectif est de dégager la plus forte rentabilité. Ainsi voit-on les « Terrasses du Port » changer de promoteur en une journée, à l’exemple du feuilleton de la Rue de la République dont on se demande bien quand il finira.
Certains élus, ici présents, ne manquent jamais de contester cette analyse, mais une fois à la tête de leur entreprise, ils leur arrivent, à eux aussi, de se désengager d’un projet immobilier présenté pourtant comme bouclé…
Soyons clairs ! Notre ville est touchée par une conjoncture internationale très déprimée et vous n’en êtes pas les responsables. Mais beaucoup de gens, même dans les milieux patronaux, trouvent que votre action en matière de développement économique et d’attractivité manque d’ambition et de professionnalisme. Dois-je ici vous rappeler les paroles d’un grand chef d’entreprise (le patron de High Co) qui installe à nouveau son siège à Aix-en-Provence en regrettant « qu’à Marseille personne ne semblait bien motivé pour l’accueillir ».
J’ai aussi en tête la phrase d’un investisseur (M. Pietri) expliquant avec candeur : « ce qui se passe aujourd’hui à Marseille, c’est exactement ce qui se passait à Lille, il y a 15 ans !». Martine Aubry sera ravie de l’entendre !
Il me semble, M. le Maire, que vous devez rapidement vous rapprocher de toutes les collectivités intervenant dans le domaine économique (la Région, le Conseil Général, MPM et la Chambre de Commerce) afin de mettre en place une stratégie commune parfaitement identifiée par tous les acteurs et mutualiser l’ensemble des moyens destinés à lutter contre le chômage et renforcer la compétitivité de notre territoire. Des villes comme Montpellier ont adopté cette démarche depuis 20 ans ; n’est-il pas temps de les imiter et de mener une politique beaucoup plus volontariste en matière économique ?
Je vous remercie.