J’ai entendu hier matin sur France Inter la chronique de Thomas Legrand qui revenait sur les conditions qui ont amené Vincent Peillon a s’exprimer sur la question des vacances d’été, dimanche dernier, et la manière dont sa déclaration a été tronquée et diffusée.
Un cas d’école qui illustre la difficulté que rencontrent les politiques quand ils sont sous la pression des questions des journalistes, et l’emballement médiatique motivé par la « chasse au scoop » et la recherche de la polémique.
En pleine polémique sur les rythmes scolaires dans le primaire, l’annonce du ministre de raccourcir les vacances d’été a déchaîné les passions, et mis Vincent Peillon dans une situation difficile : François Fillon s’est empressé de dénoncer le soir même à la télévision l’«improvisation» du gouvernement sur un sujet qui mérite de la «concertation».
Vincent Peillon, qui était invité sur BFMTV, répondais aux questions des journalistes sur les rythmes scolaires, en précisant qu’il commence par réformer les rythmes scolaires dans le primaire, et que le collège, le lycée et la révision de l’année scolaire ne viendraient que plus tard, quand cette « première marche »du primaire serait construite.
En se basant sur son livre « Refondons l’ecole », la journaliste aborde alors la question des 6 semaines de congé estival qui y est évoquée. Peillon estime que ce serait une bonne chose tout en expliquant que cette réforme serait très difficile à mettre en place, notamment en raison des examens de fin d’année et qu’elle n’est pas envisageable avant 2015 au plus tôt.
Encore une fois, on lui repose la question : « Répétez-moi ce que vous dites dans le livre : quel est le bon rythme de l’année scolaire ? » Vincent Peillon explique encore : « en alternance, 7 semaines de cours et 2 semaines de vacances, et nous devons être capable de mettre en place six semaines de vacances en deux zones l’été ».
La chaîne de télévision fait alors défiler la phrase sur les vacances d’été retranscrite en bas de l’écran pendant toute l’émission.
Alors que l’émission n’est pas terminée, l’AFP écrit une dépêche « Urgent » à 18h47 : « Peillon préconise six semaines de vacances d’été avec deux zones ». BFMTV met en ligne 15 minutes plus tard une vidéo de 13 secondes reprenant ces propos, en coupant les nuances du ministre. Cette petite vidéo est reprise par de nombreux sites d’information quelques minutes plus tard.
Voilà la polémique artificielle lancée. Pourtant, ce n’était pas l’intention de Vincent Peillon de faire une « annonce » fracassante, alors que cette idée n’était ni nouvelle, ni urgente, qu’elle était inscrite à l’agenda de la refondation de l’école et qu’il l’avait évoqué avec les syndicats dans plusieurs concertations ces derniers mois. Tout le monde savait que la question devrait être étudiée dans les années qui viennent.
Mais l’emballement médiatique en a fait le sujet du jour, et les médias, consciemment ou non (je m’interroge), ont créés de toutes pièces une polémique qui n’a pas lieu d’être. En effet, Vincent Peillon avait déjà évoqué ce sujet des vacances estivales raccourcies sur 2 zones au micro de Jean-Jacques Bourdin le 5 septembre, sans provoquer la moindre réaction de l’AFP, ou d’aucun médias, ni de l’opposition, du reste.
L’opposition, cette semaine, s’est par contre saisie de cette question, ouvrant un véritable front politique pour essayer de déstabiliser le ministre de l’Education Nationale…
C’est bien mal connaître Vincent Peillon : cette idée est un aboutissement logique de sa vaste réforme, et si les différentes concertations sont positives, il n’y aurait aucune raison de ne pas l’appliquer. La principale organisation de parents d’élèves, la FCPE, y est déjà favorable, tout comme les professionnels du tourisme. Quoi qu’il en soit, n’en déplaise aux journalistes et à l’opposition, cette question n’est pas encore d’actualité.