Un Français sur deux se considère pauvre, ou proche de l’être, nous apprenait la semaine dernière un sondage de l’institut CSA. Notre pays est bien mal en point : La pauvreté, qui avait reculé entre 1997 et 2002 est repartie à la hausse il y a 10 ans, en particulier depuis 2006. Aujourd’hui, l’emploi recule et le nombre de travailleurs pauvres et précaires a augmenté. Plus de 5,5 millions de Français vivent avec moins de 964 € par mois, le seuil de la pauvreté. C’est le devoir de la nouvelle majorité de réagir.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dévoilé à la mi-journée les grandes orientations de la politique du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté, en conclusion de la grande conférence contre la pauvreté et l’exclusion.
• Le RSA « socle » (qui remplace le RMI) va être réévalué pour l’amener à 50 % du Smic, alors qu’il n’en représente que 43 % actuellement. C’est bien la moindre des choses quand on sait que vivre avec le Smic c’est être à la limite de la précarité.
• D’autre part, le dispositif RSA « activité » qui apporte un complément de revenus aux travailleurs pauvres, n’est pas utilisé par 68 % de ceux qui pourraient en bénéficier. En cause, une complexité administrative que le gouvernement va réformer.
• Le plafond de la CMU complémentaire sera révisé, de façon à couvrir 500 000 personnes de plus.
• Un contrat d’insertion destiné à terme à 100.000 jeunes non qualifiés sera créé en 2013, assorti d’une allocation à hauteur du RSA socle (environ 450 € par mois) pendant les périodes d’inactivité. Cette » garantie jeunes » consistera en un contrat d’un an renouvelable signé entre le jeune et le service public de l’emploi.
• Deux prestations familiales attribuées sous conditions de ressources seront revalorisées : l’allocation de soutien familial, pour les parents isolés, et le complément familial, pour les foyers de trois enfants et plus.
• 8.000 places supplémentaires seront créées pour l’hébergement d’urgence et les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, d’autre part le gouvernement maintient l’objectif de construction de 150.000 logements sociaux par an.
En totalité, c’est 2,5 milliards qui seront consacrés à cette lutte, sur 5 ans.
C’est bien la moindre des choses que pouvait faire la gauche, qui est contrainte de consacrer la même somme pour recapitaliser la banque Dexia. J’entends les plus précaires de nos concitoyens qui ne verrons leurs allocations augmenter que de quelques euros par mois, exprimer leur déception : le Mouvement national des chômeurs et précaires appelle à un « choc de solidarité » en évoquant les 20 milliards consacrés à la compétitivité. Je vois bien que l’écart se fait toujours plus grand entre les plus favorisés et les plus démunis : malgré la crise, le salaire des patrons du CAC 40 a encore progressé en 2011 de 4 % (une progression moindre comparée aux 30 % de 2010), avec une rémunération totale moyenne de 4,2 millions d’euros.
Alors effectivement ces mesures nécessaires sont encore bien insuffisantes. Elles ont toutefois le mérite d’exister, et je tremble en pensant à ce qu’aurait fait la droite à notre place : C. Jacob a fustigé tout à l’heure « une politique de l’assistanat »et L. Wauquiez a considéré qu’il valait mieux aider les classes moyennes que les plus démunis…
Ce combat pour la solidarité, je le défendrai dans l’hémicycle, avec mes collègues de la majorité, quoi qu’en disent nos contradicteurs, et nous travaillerons à améliorer encore le destin de nos compatriotes les plus défavorisés. Avec Marie-Arlette Carlotti, ministre de la lutte contre l’exclusion, nous irons aussi loin que possible pour ne laisser personne sur le bord de la route de la vie.
Ce combat contre la pauvreté ne fait que commencer.