Comment ne pas s’émouvoir du drame des migrants décédés à Lampedusa ? Cette tragédie commémorée par nos voisins Italiens devrait être commémorée dans chaque pays d’Europe.
Comment accepter que des hommes, des femmes et des enfants, risquent leur vie pour accéder à une Europe dont ils ont fait un mythe ?
Comment ne pas comprendre que c’est l’Europe, par sa politique coloniale hier, puis par ses interventions militaires aujourd’hui, qui a lié son destin à celui de ces migrants ?
Eloignés de leur pays par la guerre, la misère, la famine, ils sont refoulés par l’opulente Europe. Faut-il blâmer et punir une personne qui ne cherche qu’à survivre, dont le seul crime serait d’entreprendre ce chemin vers l’étranger, dans l’espoir d’une vie meilleure, ce même chemin qu’ont emprunté les Européens colonialistes, dans le sens inverse mais pour les même raisons ?
L’immigration qui est dénoncée par certains, de plus en plus nombreux, est une constante de notre pays, elle en est une importante composante. Marseille en est la plus belle illustration, ville ouverte sur la mer peuplée de tous les peuples des rives méditerranéennes. Si les flux migratoires doivent être régulés et encadrés, dans l’intérêt de tous, migrants comme sédentaires des pays d’accueil, le drame de Lampedusa doit nous rappeler notre responsabilité et notre devoir d’humanité. On estime à près 20 000 morts le total des victimes de la traversée de la Méditerranée, sur des embarcations de fortune.
Cet été, le pape François a rendu hommage à ces victimes et a fustigé « la globalisation de l’indifférence » dans laquelle se déroulent ces drames. Il a prié pour ces migrants, mais aussi pour « nous tous, prisonniers de nos peurs et distraits ».
Ne soyons pas indifférents devant ces morts qui nous concernent tous.
Les slogans populistes dénoncent l’immigration comme la cause de tous nos maux, mais chacun doit bien comprendre que derrière ces formules faciles et l’abstraction des mots, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui meurent en masse.
Le pape nous a rappelé que la charité et la compassion faisaient partie de nos valeurs européennes. Ne l’oublions pas et n’oublions pas les victimes de Lampedusa. Ne soyons pas prisonniers de nos peurs ni de ceux qui les attisent avec calcul.