Aujourd’hui, alors que certaines valeurs de notre République semblent se diluer dans l’évolution toujours plus rapide de la société, le sacrifice et l’altruisme de certaines personnes d’exception sont là pour rappeler que la France s’est construite sur une continuité de principes fondateurs.
Le Panthéon est le symbole de cette France éternelle, et l’hommage qu’a voulu rendre le président de la République aux résistants doit nous rappeler la fragilité de la paix et de la concorde, et combien nos principes républicains sont fragiles face aux idées populistes et rétrogrades, face à la violence et à la haine… Le Panthéon retrace cette histoire de la lutte de notre nation dans sa quête de progrès intellectuel, politique ou social ; une lutte difficile, une lutte contre elle-même parfois, où rien n’est acquis. Que sont nos difficultés actuelles comparées à celles de cette France occupée, à genoux, succombant aux pires idées, aux pires principes ?
Je veux insister sur l’entrée de deux femmes d’exception dans ce lieu de mémoire où elle sont si peu nombreuses. Oui, des femmes on risqué leur vie pour défendre un monde où elles étaient encore négligées, sans droit de vote, des citoyennes de deuxième classe ; et pourtant, c’est aux nom des principes qui font la France qu’elles ont risqué le pire en s’engageant dans la Résistance. Toutes deux ont été déportées.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion sont des rescapées du camp de Ravensbrück.
Par leur courage, leur engagement et patriotisme, elles ont participé à ce mouvement pour l’émancipation des femmes que le Conseil National de la Résistance n’a pu que reconnaître, en accordant le droit de vote et d’éligibilité aux citoyennes, à égalité avec les hommes.
Comment ne pas évoquer Jean Zay, sont engagement dans le Front Populaire dont il fut le plus jeune ministre, célèbre pour ses profondes réformes de l’éducation nationale. Il fut un des parlementaires à refuser le simulacre d’état de Vichy et à gagner l’Afrique du Nord pour résister à l’ignominie. Arrêté à Casablanca puis remmené en France, il sera assassiné par la milice, puis jeté dans un fossé. Grande figure de l’Union des gauches et du Front Populaire, d’origine juive, Franc Maçon, la propagande l’a désigné comme un parfait bouc émissaire pour cristalliser sur son nom toute la haine antisémite des nouveaux maîtres de Vichy.
Pierre Brossolette fut lui aussi un antifasciste de la première heure et une figure du socialisme d’avant guerre. Entré dans la Résistance dès la débâcle de 1940, il en devient un des principaux dirigeants. Lui aussi succombera à la torture de la Gestapo.
Voici quatre destins exceptionnels dont l’engagement et les idées ont fait la France dans laquelle nous vivons. Sans eux, nous ne serions certainement pas ce que nous sommes, ni notre pays ce qu’il est. La liberté, l’égalité, la fraternité sont des concepts pour lesquels certains donnent leur vie pour que nous en jouissions.
C’est aussi ce message que nous délivrent ceux reposent pour l ‘éternité au Panthéon.